Pédagogie des opinions proscrites
Le verrouillage politique qui met le Front national au ban des partis est le fidèle reflet du verrouillage idéologique qui empêche de parler librement de certains sujets vitaux pour l’avenir de notre pays. C’est parce que le F.N. ne se conforme pas aux interdits édictés par les hérauts de l’idéologie dominante qu’il est victime d’ostracisme et exclu de l’“arc constitutionnel”, en tant que parti d’extrême droite.
Réciproquement, les idées qui sont défendues par le F.N. se trouvent disqualifiées de ce seul fait. Si le projet de réduire le nombre des immigrés, de maintenir les valeurs traditionnelles ou de renforcer la sécurité est avancé par Le Pen, alors, nous serine-t-on dans les media, c’est bien la preuve que ce sont des idées d’extrême droite, donc fascistes ! L’exclusion-diabolisation du Front national est une pédagogie des opinions proscrites, qui a tout du bourrage de crânes.
Si l’on suppose maintenant l’union de la droite réalisée, le F.N. réintégré dans l’“arc constitutionnel”, alors tout change. Le discours délirant, mais envahissant, d’une gauche crypto-totalitaire apparaît tout d’un coup pour ce qu’il est. Il ne prend plus. Le consensus métapolitique imposé par l’idéologie dominante est ruiné. La France profonde peut se remettre en marche. Elle est à nouveau maîtresse de son destin.
L’union de la droite n’est pas seulement nécessaire pour une simple raison d’arithmétique électorale, mais aussi, et surtout, parce qu’il est au fond inutile d’avoir un gouvernement dit de droite si celui-ci fait la même politique que la gauche. En démocratie, un gouvernement inscrit son action dans le cercle magique qui est tracé par l’idéologie dominante. Il ne pourra réduire ni l’immigration ni l’insécurité ni même réformer l’économie (voyez le fiasco du C.P.E. en 2006) s’il s’est d’avance soumis aux diktats idéologiques de la gauche en refusant le concours de cette partie de la droite qui est la plus déterminée à s’opposer à la gauche.
Affronter le terrorisme intellectuel
On nous dit que le thème de l’union de la droite est une duperie, parce que la droite établie, l’U.M.P., n’est pas une vraie droite. Ce jugement, qui paraît sensé, est en réalité à courte vue, car les électeurs de l’U.M.P., eux, sont incontestablement à droite. Dès lors, l’union de la droite serait la pierre de touche qui leur permettrait de faire le départ, parmi les hommes politiques, entre ceux qui sont réellement de droite, et les autres, qui préféreraient s’allier avec la gauche plutôt qu’avec la droite de la droite. L’alliance à droite obligerait les hommes politiques de la droite établie à sortir de l’ambiguïté, à révéler leurs préférences, et à choisir d’affronter le terrorisme intellectuel de la gauche, donc à prouver leur caractère et à contribuer à l’ébranlement du système de sidération dont les Français sont victimes.
On dit aussi que l’union de la droite est impossible. Il n’est pas facile, admettons-le, d’imaginer un scénario qui y conduirait. Mais, en politique, les choses peuvent changer très vite. Ce qui paraît impossible un jour est évident le lendemain. La campagne de Villiers contre l’islamisation de la France montre que les choses sont en train de bouger, à droite, après les émeutes ethniques de 2005. Ce dont nous avons besoin, aujourd’hui, ce n’est pas tant d’hommes politiques que d’hommes d’Etat, qui mesureront l’enjeu de l’union de la droite et qui décideront de la mettre en œuvre. Ceux-là inscriront leurs noms dans l’histoire comme les artisans du renouveau de la France.
N.B. : une version abrégée de cet éditorial a été publiée dans Monde et Vie le 13 mai 2006.