Eric Besson et Gérard Noiriel, prix Lyssenko en 2009 pour leur contribution au débat sur l’identité nationale

I – Les raisons d’un débat

En lançant le débat sur l’identité nationale, qu’il a confié à Eric Besson, secrétaire général adjoint de l’UMP, ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, le président Nicolas Sarkozy cherchait visiblement à renouveler aux régionales de mars 2010 l’opération qui lui avait permis en 2007 de séduire les électeurs de droite. Mais c’était beaucoup plus qu’une manoeuvre électoraliste. Il s’agissait de rien moins que de changer le sens des mots pour imposer une conception fallacieuse de l’identité nationale qui fût compatible avec la  « France métissée » que M. Sarkozy appelle de ses voeux. Dans le discours qu’il a prononcé à l’école polytechnique le 17 décembre 2008 sur le thème « Egalité des chances et diversité »,  Nicolas Sarkozy avait en effet déclaré : « Quel est l’objectif ? Ça va faire parler, mais l’objectif, c’est relever le défi du métissage. Défi du métissage que nous adresse le XXIe siècle. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation. C’est un impératif. On ne peut pas faire autrement. Au risque de nous trouver confrontés à des problèmes considérables. Nous devons changer, alors nous allons changer. On va changer partout en même temps, dans l’entreprise, dans les administrations, à l’éducation, dans les partis politiques. Et on va se mettre des obligations de résultat. Si ce volontarisme républicain ne fonctionnait pas, il faudra (sic) alors que la République passe à des méthodes plus contraignantes encore.« 

Le ministre Besson, qui fut d’abord en 2007 dans l’équipe de campagne de la candidate socialiste à la présidentielle, Mme Ségolène Royal, n’a pas eu besoin de cesser d’être de gauche pour devenir la voix de son nouveau maître, comme le montre la manière dont il a résumé le débat sur l’identité nationale dans son discours de La Courneuve du 5 janvier 2010 : « Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que la France a toujours été une terre d’immigration et d’intégration. Il n’y a pas de Français de souche en France ». Ou encore : « La France n’est ni un peuple ni une langue ni un territoire ni une religion. C’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France du métissage. ».

Le ministre pouvait s’appuyer sur les analyses de Gérard Noiriel, qui s’est employé à démontrer que la France était le produit de l’immigration dans de nombreux livres, comme Le Creuset français (Seuil, 1988) et A quoi sert l’identité nationale (Agone, 2007). Pas de Français de souche ? C’était aller au devant du voeu de l’actuel président de la République, qui avait écrit en conclusion de son livre Témoignage, en 2006 (page 280) : « La France d’après (…), c’est une France où l’expression « Français de souche » a disparu. »

Autant dire que pour MM. Besson et Noiriel la France n’a pas réellement d’identité. Il est difficile de contredire plus effrontément les enseignements de l’histoire et de la science. En effet, qu’est-ce que l’identité ? C’est ce qui fait que l’on reste le même au fil du temps, en étant différent des autres. L’identité de la France, de Gaulle l’a définie carrément dans une fameuse déclaration : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. » (5 mars 1959. Cité dans Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, t. 1, éditions de Fallois/Fayard, 1994, page 52.) Il est permis d’être encore plus précis : la France est un peuple indo-européen de culture occidentale, de race blanche, de religion chrétienne et de philosophie humaniste.

II – Eric Besson et Gérard Noiriel d’accord sur l’essentiel

Les discours du ministre et les analyses de l’historien ne se situent pas sur le même plan, sans doute, mais le premier peut se réclamer des travaux de l’autre. Ils ne divergent que sur l’usage de l’expression « identité nationale ». Noiriel veut l’interdire, Besson veut l’utiliser pour la vider de son sens. Il y a divergence de stratégie politique, mais accord sur l’essentiel.

III – L’identité nationale, objet de science et d’histoire

Le prix Lyssenko étant un prix de la désinformation scientifique ou historique, il n’a pu être attribué à nos lauréats d’aujourd’hui qu’en raison du fait que l’identité nationale est bel et bien un objet de science et d’histoire. Elle a du reste donné lieu à d’importants travaux historique du géographe Paul Vidal de la Blache, du politologue André Siegfried et, plus récemment, de l’historien Fernand Braudel.

L’identité collective de la France peut s’évaluer à trois niveaux.

1. Les Français ont un sentiment d’appartenance à la nation française.

2. Les géographes et les historiens ont analysé les traits distinctifs du caractère national.

3. Enfin, mais il est vrai qu’ici nous sommes encore dans l’hypothèse, une communauté ethnique ou nationale peut être considérée comme un système bioculturel, ce qui justifie les métaphores des historiens qui voient la France comme une « personne »

A cet égard, l’essentiel est de comprendre la relation intime qui unit la nation, catégorie politique, à l’ethnie, catégorie culturelle. La nation française est insépable de l’ethnie française.

IV – Première vérité : l’immigration est un phénomène récent dans l’histoire de France

L’historien et démographe Jacques Dupâquier a démontré que la population française, jusqu’à une date récente, remontait pour l’essentiel au néolithique. Les « grandes invasions » elles-mêmes, comme on les appelle dans les livres d’histoire, celles des Germains (Francs, Goths, Burgondes, etc.), ont représenté peut-être 5 % de la population au nord de la Loire, 1 % au sud, soit quelque 3 % en moyenne. Beaucoup moins que l’immigration actuelle !

Du reste, Noiriel le reconnaît, lorsqu’il écrit : « Néammoins, entre le XIe et le XVIIIe siècle, le phénomène majeur tient dans la stabilisation et l’enracinement des diverses composantes de la population qui s’est installée dans les siècles antérieurs. » (Population, immigration et identité nationale en France, XIXe-XXe siècle, Hachette, 1992, p. 46.) Alors pourquoi ose-t-il répéter que « les immigrés ont fait la France » ? (Cf. Gens d’ici venus d’ailleurs. La France et l’immigration de 1900 à nos jours, éd. du Chêne, 2004, p. 7 : « Ce travail est dédié aux immigrants qui ont fait la France.« ) La France n’existait-elle pas avant 1850 ? La désinformation est manifeste dans le titre du chapitre d’où est extraite la citation précédente : « Les métissages de la population française« .

V – Seconde vérité : les nouvelles vagues d’immigration présentent une différence de nature par rapport aux anciennes.

Gérard Noiriel refuse expressément que l’on fasse une distinction entre l’immigration nouvelle venue du tiers monde et celle qui l’a précédée. Il écrit ainsi : « Au cours des années 80 (…), l’opinion publique, travaillée alors par l’extrême droite, estimait que les immigrants en provenance du Maghreb ne parvenait pas à s’intégrer dans la société française en raison des spécificités de la religion islamique. (…) Tout mon travail sur l’immigration a été motivé par le souci de démontrer qu’il s’agissait là, en réalité, d’une question mal posée. » (Etat, nation et immigration, éd. Belin, 2001, p. 35)

Les procédés lyssenkistes par excellence sont l’argument par les intentions et l’argument par les conséquences. C’est ainsi que G. Noiriel déclare : « Il convient de distinguer assimilation et intégration. Quand on parle des immigrés, seul le deuxième terme semble aujourd’hui légitime car le mot assimilation a pris des connotations colonialistes. » (Ibid., p. 86) Ou bien : « Mes critiques ont toujours visé les usages politiques de l’identité nationale, parce que cette expression a été utilisée, le plus souvent, pour stigmatiser les immigrés, en fabriquant un clivage artificiel entre eux et nous. » (A quoi sert l’identité nationale, Agone, 2007, p. 7.)

A. Une première observation doit être faite : c’est la ségrégation urbaine. Nous renvoyons sur ce point au prix Lyssenko attribué en 2006 à Catherine Wihtol de Wenden, politologue, directrice de recherches au CNRS, et Yvan Gastaut, historien, maître de conférences à l’université de Nice, « pour leurs analyses des bienfaits de l’immigration et de la mixité sociale » et à ce que nous avions dit à l’époque du « seuil de tolérance« .

B. Seconde observation : les nouvelles populations immigrées sont difficilement assimilables en raison soit de leur religion, soit de leur race, soit des deux.

1. Les nouveaux immigrés sont en général de religion musulmane. Or, l’islam est un obstacle à l’assimilation, parce qu’il est davantage qu’une religion. Il est un système social. Ni sa conception de l’homme ni sa conception de la société ne sont compatibles avec les nôtres. Voyez, par exemple, ce que nous en avons dit quand le prix Lyssenko a été attribué en 2001 à Gilles Kepel et Bruno Etienne, orientalistes, pour leur analyse du déclin de l’islamisme.

2. Raymond Cartier est surtout connu pour avoir laissé son nom au « cartiérisme« , doctrine selon laquelle il ne faut pas gaspiller l’argent public pour les pays du tiers monde : « Plutôt Corrèze que Zambèze« . Mais ce grand journaliste avait aussi publié, dans les années soixante, plusieurs articles prophétiques pour alerter les Français sur le problème noir dont il observait les prémices dans notre pays. Hélas, Raymond Cartier n’a pas été écouté ! Au contraire, nous avons assisté à l’explosion démographique, en France, des populations noires issues d’Afrique et des Antilles. Cartier craignait que la République fût ébranlée par les coups de boutoir du communautarisme. Nous y sommes : les activistes du CRAN revendiquent un régime de faveur pour les noirs au nom de la prétendue discrimination « positive » chère à Sarkozy. Aujourd’hui, la question raciale est devenue centrale. Mais Cartier n’avait pas prévu que le cosmopolitisme deviendrait l’idéologie dominante. Il ne pouvait imaginer que les gens n’oseraient pas contester les dogmes destructeurs de l’antiracisme officiel. Comment peut-on régler un problème que l’on n’a même pas le droit de désigner ?

Or, l’existence des races est un fait. Rappelons l’essentiel de la question raciale, telle qu’elle se présente generaliter.

1. L’espèce humaine est divisée en cinq grandes races : la race blanche (caucasoïdes), la race jaune (mongoloïdes), la race noire (négroïdes), plus deux autres qu’il faut distinguer de la précédente, la race hottentote (khoïsanoïdes, en Afrique du sud) et la race australienne (australoïdes, en Océanie et Asie du sud). Ces cinq races se sont séparées il y a au moins un million d’années, selon la théorie polycentrique (énoncée, avec des variantes, par Weidenreich, Coon et Wolpoff).

2. Les sociétés sont des systèmes bioculturels, en sorte que le fonds génétique des peuples, donc, en particulier, la race des hommes qui les composent, est le socle de leur identité (Voir, à cet égard, le livre du Club de l’Horloge, La Politique du vivant).

3. Si des hommes d’une autre race arrivent en masse dans le territoire d’un peuple, les conséquences sont toujours dramatiques. Première hypothèse : les immigrés sont absorbés par métissage ; le peuple d’accueil tombe alors en décadence et perd son identité. Seconde hypothèse : les immigrés ne se mélangent pas avec les indigènes (il s’agit de nous, en l’occurrence…) ; les antagonismes raciaux se développent alors inéluctablement au sein de cette société multicommunautaire. Troisième hypothèse : une partie des immigrés se mélange avec les indigènes, qui perdent peu à peu leur identité, avec leur homogénéité ; une autre partie des immigrés forme une ou plusieurs communautés séparées et hostiles. Ce dernier scénario, qui cumule les inconvénients, est celui qui se dessine en France.

Conclusion

En ce qui concerne le rapport de l’immigration à l’identité nationale, on ne peut que conclure en toute objectivité :

1. ce sont les Français de souche qui incarnent l’identité de la France et non les allogènes inassimilés ;

2. la religion musulmane n’est pas compatible avec l’identité de la nation française ;

3. l’installation massive en France de populations de race noire n’est pas compatible avec notre identité nationale.

Eric Besson et Gérard Noiriel méritent le prix Lyssenko pour avoir affirmé contre toute vérité historique et scientifique qu’il n’y avait pas de Français de souche, que la France avait été faite par l’immigration et que les nouvelles vagues d’immigration venues d’Afrique et d’Asie ne soulevaient pas plus de difficultés d’assimilation que les précédentes et qu’elles ne menaçaient pas davantage que celles-ci le maintien de l’identité nationale de la France.

C’est une lourde responsabilité qui leur incombe d’avoir ainsi cherché à tromper les Français sur un sujet qui détermine leur avenir commun.