Jean Jouzel et Nicolas Hulot, prix Lyssenko en 2010 pour leur contribution au débat sur le réchauffement climatique

Le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)[1] a été créé en 1988 sous les auspices du PNUE (Programme des Nations-Unies pour l’environnement) et de l’OMM (Organisation météorologique mondiale). Politiquement, il dépend des Nations-Unies à travers le PNUE ; scientifiquement, c’est une émanation de l’OMM, dont il est pour ainsi dire un département et dont il partage les bureaux à Genève. Autant dire que de la météorologie à la climatologie il n’y a qu’un pas. Cette remarque de terminologie, qui peut paraître oiseuse, est en fait essentielle, tant du point de vue de l’épistémologie que de la sociologie des sciences. Peut-on faire de l’étude du climat une science à part, la climatologie ? Ce n’est pas évident. Les climats du passé sont dans le champ de la géologie et de la géographie, les climats de l’avenir dans celui de la météorologie, qui cherche à prévoir le temps qu’il va faire. Le principal « climatologue » français, décédé en 2008, qui n’était pas le plus médiatisé, et pour cause, car il ne croyait pas un seul instant aux affirmations du GIEC, était un géographe, le professeur Marcel Leroux, qui fut directeur du Laboratoire de climatologie du CNRS. Il a dit : « L’observation du concret supprime la prétendue frontière entre météorologie et climatologie, entre temps et climat.« [2]

Jean Jouzel, notre premier lauréat, est-il climatologue ? C’est un ingénieur chimiste converti à la géologie et qui s’est spécialisé dans l’étude des glaces, la glaciologie. Il a apporté une contribution éminente à la connaissance des climats du passé en étudiant des « carottes glaciaires » prélevées dans les épaisses couches de l’inlandsis qui recouvre le continent antarctique. L’analyse chimique et isotopique de la glace et des bulles d’air qui s’y trouvent emprisonnées depuis des dizaines ou des centaines de milliers d’années permet en effet de reconstituer la température et la composition de l’atmosphère à ces époques reculées. Cependant, sa notoriété n’aurait pas dépassé les milieux scientifiques s’il n’avait pas prétendu en 1987 qu’il avait découvert la pierre philosophale du changement climatique : la variation de la teneur de l’atmosphère en gaz carbonique, ou plus précisément en dioxyde de carbone, dont la formule chimique est CO2, et d’un autre gaz « à effet de serre », le méthane, CH4. Et c’est là que le bât blesse, comme on va le voir.

Beaucoup de climatologues sont des météorologues. « A la fin du XXe siècle, des chercheurs qui se faisaient appeler précédemment météorologues ou océanographes se qualifient de climatologues« , remarque Spencer Weart, historien des sciences[3]. Les météorologues ne se sentaient pas reconnus à leur juste valeur, car, malgré toute l’intelligence et l’énergie qu’ils déployaient, ils avaient beaucoup de mal à prévoir le temps qu’il ferait au delà de quelques jours et ne cessaient d’essuyer les critiques et parfois les lazzi du public, lorsqu’ils se trompaient, ce qui leur arrivait plus souvent qu’à leur tour… En devenant climatologues, les météorologues ont en quelque sorte changé de statut social. Ils ont incontestablement acquis un immense prestige dont ils ne jouissaient nullement naguère. Eux qui se savaient incapables de prévoir le temps à dix jours se sont crus autorisés à annoncer le climat qu’il ferait dans dix ans, et même dans cent ans, échappant ainsi à l’épreuve de la réalité, car les vaticinations à très long terme sont invérifiables pour les hommes d’aujourd’hui. Ils ont compris qu’en annonçant des catastrophes ils allaient gagner l’attention des hommes politiques et qu’on allait parler d’eux dans les media. Le catastrophisme les a fait passer, comme aurait dit Jack Lang, de l’ombre à la lumière. Qui plus est, les crédits de recherche qui leur sont attribués ont décuplé. Ils avaient tout à gagner à prévoir le pire, ils auraient tout à perdre à avouer leur ignorance ou à reconnaître que, jusqu’à présent, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles… Saluons le courage et l’honnêteté des nombreux savants, météorologues, géographes ou géologues, spécialistes du climat, qui ont résisté à la tentation et qui sont devenus l’honneur de la science, comme le regretté Marcel Leroux, en France, ou comme le professeur Richard Lindzen, titulaire de la chaire de climatologie du MIT (Massachusets Institute of Technology, Institut de technologie du Massachusets), aux Etats-Unis.

Himalaya de mensonges

Le GIEC a déjà publié quatre rapports, le premier en 1990, les suivants en 1996, 2001 et 2007. Le cinquième est annoncé pour 2014. Or, dans son dernier rapport, publié en 2007, le GIEC affirmait que les glaciers de l’Himalaya auraient disparu en 2035 en raison du réchauffement climatique. Affirmation extravagante, qu’aucun spécialiste ne pouvait cautionner. « Dans l’état actuel des connaissances, il n’est pas plausible que les glaciers himalayens puissent disparaître complètement au cours de ces prochaines décennies« , affirme par exemple Michael Zemp, référence mondiale en la matière[4]. Il a fallu cependant attendre un article du 13 janvier 2010 paru dans la revue New Scientist pour que le scandale éclatât et que naquît ce que l’on a appelé l’Himalayagate[5], l’affaire de l’Himalaya. Etienne Dubuis en fait une relation détaillée dans Sale temps pour le GIEC[6]. La lecture du rapport du GIEC est accablante : « Les glaciers reculent plus vite dans l’Himalaya que dans n’importe quelle autre partie du monde et, si le rythme actuel se maintient, la probabilité de les voir disparaître en 2035 et peut-être plus tôt est très élevée au cas où la Terre continuerait à se réchauffer comme maintenant. Leur superficie totale va probablement se rétrécir de 500.000 km2 aujourd’hui à 100.000 km2 en l’an 2035. » Etienne Dubuis a raison de considérer ce paragraphe comme une « horreur« , car les glaciers himalayens occupaient en 2007 une surface de 33.000 km2 seulement : 500.000 km2, c’est la surface totale des glaciers de montagne et calottes de glace pour l’ensemble de la planète (non compris les immenses « inlandsis » du Groenland et de l’Antarctique)[7]. Enquête faite, on s’est aperçu qu’aucun glaciologue n’avait figuré dans l’équipe chargé de décrire l’évolution des glaciers himalayens ! Le texte aberrant résultait d’un « copier-coller » effectué à partir d’un rapport du WWF[8], organisation écologiste militante qui n’a aucune autorité scientifique, mais qui a eu quand même l’honnêteté de s’excuser de l’erreur qu’elle avait commise en citant des chiffres faux qui ne reposaient sur rien ; il semble que la source du WWF ait été un rapport publié par l’UNESCO en 1996, où l’on pouvait lire que la superficie totale des glaciers de la planète (il ne s’agissait pas seulement de l’Himalaya) allait passer de 500.000 km2 à 100.000 km2 en 2350. C’est une faute de frappe qui aurait transformé 2350 en 2035 dans le rapport du WWF !

L’erreur n’était évidemment pas innocente, car elle permettait au GIEC de sonner le tocsin et d’annoncer la catastrophe. L’enjeu est énorme pour le sous-continent indien, où vivent un milliard et demi d’habitants. On lit dans le rapport du GIEC : « Les glaciers himalayens (…) sont la source des innombrables cours d’eau qui traversent les plaines indo-gangétiques. (…) Quelque quinze mille glaciers himalayens forment un réservoir unique qui approvisionne des cours d’eau pérennes comme l’Indus, le Gange et le Brahmapoutre, qui, à leur tour, sont à la base de la vie de millions de gens dans les pays de l’Asie du sud (Pakistan, Népal, Bhoutan, Inde et Bangladesh). Le bassin du Gange à lui seul est le bassin de cinq cents millions de personnes (…). La tendance actuelle de la fonte des glaciers suggère que le Gange, l’Indus, le Brahmapoutre et d’autres cours d’eau (…) pourraient probablement devenir des cours d’eau saisonniers dans un proche avenir. » En réalité, si nul ne peut assurer que les glaciers de l’Himalaya n’auront pas diminué en 2350, il est certain qu’ils auront gardé l’essentiel de leur masse en 2035, d’autant que, selon l’étude réalisée en 2009 par le meilleur glaciologue indien, Vijay Kumar Raina, dans un rapport officiel commandé par le gouvernement, les glaciers de l’Himalaya avancent et reculent irrégulièrement, sans qu’aucune tendance ne se dessine.

M. Jean Jouzel est un des hauts responsables du GIEC, auquel il appartient depuis 1994. Insistons sur le fait que M. Jean Jouzel est glaciologue, spécialiste des glaces et des glaciers, et que ces allégations du GIEC relevaient de sa spécialité. Il était donc bien placé pour savoir que la date de 2035 était délirante et n’avait aucune base scientifique. « N’importe quel glaciologue aurait pu confirmer aux auteurs de ce rapport que des glaciers comme ceux de l’Himalaya ne peuvent pas disparaître en quelques décennies« , écrit Jean Staune[9]. Jean Jouzel n’est pas « n’importe quel glaciologue« . Or, non seulement il n’a pas demandé au GIEC de publier un rectificatif, mais, aussi incroyable que cela puisse paraître, il a même reproduit l’erreur du GIEC sur les glaciers de l’Himalaya dans le livre Planète blanche, sous-titré « Les glaces, le climat et l’environnement« , qu’il a publié en 2008. Comment qualifier un scientifique qui trompe délibérément ses lecteurs ? La faute est d’autant moins excusable que la comparaison du texte de Jouzel avec celui du rapport du GIEC montre qu’il a voulu en garder la charge alarmiste tout en l’atténuant pour en éliminer l’aspect le plus clairement inepte. On lit, en effet, à la page 231 de son livre Planète blanche :

« Les glaciers africains et certains glaciers des Andes seront également soumis à rude épreuve (…). Mais c’est en Asie que les dommages risquent d’être les plus importants. Les glaciers himalayens sont la source d’innombrables rivières et de grands fleuves. Ils reculent plus rapidement que dans les autres régions du globe et la possibilité qu’ils diminuent de façon importante d’ici 2035, peut-être plus tôt, est très élevée ; leur surface totale pourrait alors passer de 500.000 à 100.000 km2« [10]. On notera qu’il n’est plus question « de les voir disparaître en 2035« , comme dans le rapport du GIEC, mais seulement de voir leur surface divisée par cinq à cette date. Il est en outre cocasse que M. Jouzel n’ait pas corrigé les surfaces en cause, alors que dans le même livre, page 16, il estime à 430.000 km2 la surface totale des glaciers pour l’ensemble de la planète.

L’affaire de l’Himalaya est emblématique de ce que le GIEC et certains de ses membres, comme le glaciologue Jean Jouzel, sont capables de faire pour tromper le public afin de créer la panique. Elle a révélé que le dogme du réchauffement climatique reposait sur un Himalaya de mensonges.

Vérité et légende de la théorie réchauffiste

A. Le dogme du réchauffement climatique commence par une belle histoire, qu’on peut résumer ainsi.

Au commencement était un grand savant suédois, Svante Arrhenius (1859-1927), qui reçut le prix Nobel de chimie en 1903 (pour des travaux qui n’avaient aucun rapport avec le climat). Reprenant une idée du physicien français Joseph Fourier, Arrhenius affirma en 1896 que les émissions de dioxyde de carbone qui résultaient de la combustion des combustibles fossiles, à l’époque le charbon, allaient accroître de 5° C la température de la planète. En effet, le CO2 est un « gaz à effet de serre », un gaz émissif, il absorbe les rayons infrarouges émis par la surface de la terre et en réémet dans toutes les directions, notamment vers le bas, ce qui a tendance à élever la température de l’air, d’une manière plus ou moins analogue au phénomène observé dans les serres des jardiniers. L’hypothèse d’Arrhenius ne fut pas prise au sérieux à son époque, mais, quatre-vingts ans plus tard, on a enfin compris qu’il avait raison. « 1987 fut une grande date, dit Jean Jouzel : c’est alors en effet que nous avons démontré que les variations de la température et la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre sont liées tout au long du dernier cycle climatique (depuis 150.000 ans).« [11] « Les résultats couvrent désormais 800.000 ans, et la qualité de cette relation (…) est réellement très impressionnante.« [12] Les études de Jean Jouzel et de ses collègues avaient enfin solidement établi qu’il y avait un lien étroit entre la température et la quantité de gaz carbonique présente dans l’air et qu’en conséquence l’augmentation de cette dernière ne pouvait manquer de provoquer un réchauffement climatique considérable, comme l’avait prédit le savant suédois. C’est du reste l’argument central du film réalisé par Al Gore en 2006, Une vérité qui dérange, film qui lui valut de partager le prix Nobel de la paix avec le GIEC l’année suivante.

Un bonheur n’arrive jamais seul. Il a quand même fallu attendre 1998 pour que les réchauffistes disposent d’un autre argument massue, la massue étant en l’occurrence une crosse de hockey, comme la courbe du même nom, publiée cette année-là par Michael Mann. La courbe de Mann reconstitue la température moyenne dans l’hémisphère nord de l’an mil à nos jours. Elle est extraordinaire, puisque l’optimum médiéval qui a duré de 900 à 1300 et le petit âge glaciaire qui a suivi, de 1450 à 1850, ont disparu. La température est à peu près constante pendant 850 ans, de l’an mil au milieu du XIXe siècle. Et, depuis 1850 environ, elle part brutalement vers le haut, ce qui coïncide parfaitement avec l’augmentation de la teneur en gaz carbonique causée par l’activité humaine, le facteur « anthropique ».

Il fallait donc se rendre à l’évidence : le doute scientifique n’était plus permis. L’homme, dans son inconscience et sa folie, était en train de détruire la planète. Les météorologues/climatologues faisaient tourner des modèles numériques de plus en plus lourds, de plus en plus complexes, sur des ordinateurs de plus en plus puissants, qui prévoyaient tous que la température allaient inexorablement augmenter de plusieurs degrés au XXIe siècle, si l’on n’écoutait pas les avertissements des scientifiques. Le grand public, affolé par des journalistes écologistes, plus verts que vert, commençait à se demander si la terre n’allait pas devenir un grille-pain.

B. L’histoire était trop belle pour être vraie. En premier lieu, il est impossible de soutenir qu’Arrhenius, prophète incompris, avait raison, car il voulait en réalité expliquer par le gaz carbonique la succession des cycles glaciaires que l’on a observée à l’ère quaternaire, depuis 1,8 million d’années. Il entendait notamment réfuter la théorie astronomique que l’on avait déjà énoncée à l’époque et que le mathématicien serbe Milutin Milankovitch devait développer en 1941. La théorie de Milankovitch explique les glaciations et les déglaciations par les variations des paramètres astronomiques qui définissent la position de la terre par rapport au soleil : l’excentricité (déformation de l’orbite elliptique), l’obliquité (inclinaison de l’axe de la terre par rapport à la perpendiculaire au plan de l’écliptique) et la précession des équinoxes (déplacement sur l’orbite elliptique du point où se produit l’équinoxe). Cette théorie est aujourd’hui admise par l’ensemble de la communauté scientifique, et donc par les réchauffistes eux-mêmes, comme on peut le vérifier dans le livre de Jean Jouzel déjà cité, Planète blanche, ou dans celui du professeur Hervé Le Treut, de l’Académie des sciences, Nouveau climat sur la terre[13]. Il faut donc être logique : si c’est la variation de l’insolation qui explique les cycles glaciaires, comme le voulait Milankovitch, ce n’est pas la variation de la teneur en gaz carbonique : Arrhenius avait tort.

Il y a un point, cependant, où Arrhenius avait probablement raison, mais c’est justement là qu’il diverge des réchauffistes contemporains, c’est que le réchauffement climatique attendu lui paraissait une bénédiction. N’est-il pas compréhensible qu’un Suédois soit prêt à « subir » une hausse de la température de 5° C à Stockholm ?

Il était clair, dès 1987, quand Jouzel et ses collègues ont découvert la corrélation des évolutions de la température et du gaz carbonique depuis des centaines de milliers d’années, à travers la succession des périodes glaciaires et interglaciaires, que le CO2 ne pouvait être la cause originelle du changement climatique. Il y avait donc supercherie, de la part de M. Jouzel, à prétendre que sa découverte alimentait la théorie réchauffiste en lui donnant une base incontestable. Le coup de grâce est venu d’un de ses collaborateurs, Nicolas Caillon. Ce dernier a, en effet, établi en 2003 que, dans le passé, les variations de température ont précédé de 800 ans celles du CO2[14]. Ainsi, à moins de supposer que les relations de cause à effet remontent la flèche du temps, le CO2 n’est pas la cause de la température. C’est probablement le contraire, parce que l’océan, quand il se réchauffe, libère du gaz carbonique qui se répand dans l’air. En effet, dit Hervé Le Treut, « si l’atmosphère contient du CO2, elle en contient beaucoup moins que les océans ou la végétation sur les continents. Des échanges constants ont lieu entre ces milieux.« [15]

L’objection du décalage temporel est imparable. La défense de Jean Jouzel est à cet égard pitoyable. D’après lui, on n’a pas besoin de répondre à la question « quelle est la cause, quel est l’effet ?« [16] Il ajoute : « A la question : « Qui est la poule ? Qui est l’oeuf ? La réponse n’est pas si simple.« [17] Elle l’est pourtant, en bonne logique, car les variations de l’insolation qui sont à l’origine de la variation de la température sont la conséquence de phénomènes astronomiques qui n’ont évidemment rien à voir avec le gaz carbonique contenu dans l’atmosphère. M. Jouzel en est réduit à supposer, sans preuve, que le CO2 amplifie l’effet de l’insolation, par une rétroaction positive. Mais s’il n’était pas à l’origine du réchauffement jadis, pourquoi le serait-il aujourd’hui ?

Pour le dernier millénaire, le GIEC s’était appuyé dans son rapport de 2001 sur la fameuse courbe en forme de crosse de hockey de Michael Mann. Des scientifiques sérieux se seraient dit que « testis unus, testis nullus« , qu’un seul témoignage ne prouvait rien et qu’il était urgent d’attendre que l’on vérifiât la validité de cette courbe mirobolante, avancée trois ans plus tôt. En 2003, un esprit indépendant, Steve McIntyre, est allé voir de plus près les données et les calculs de Michael Mann. Et il a trouvé qu’ils ne tenaient pas debout. L’affaire est contée en détail dans le livre de Benoît Rittaud, Le mythe climatique[18]. On s’est aperçu qu’une bonne partie des données utilisées par Mann étaient fausses et surtout que sa méthode statistique, l' »analyse en composantes principales avec centrage partiel » était inadaptée. En 2006, deux groupes d’études dirigés par d’éminents statisticiens américains, constitué par le gouvernement pour le premier, par l’Académie des sciences des Etats-Unis pour le second, aboutirent à un verdict sans appel. La courbe de Mann ne valait rien. Dans ces conditions, le GIEC n’en parla plus dans son rapport de 2007 : dans la courbe qu’il publia alors, il retrouva l’optimum médiéval, quand le Groenland était une terre verte (ce qui est le sens du mot en danois, équivalent de l’anglais green land), ainsi que le petit âge glaciaire. Alleluia !

Il faut croire que Jean Jouzel n’était pas au courant des malheurs qui étaient arrivés à la courbe de Mann, car il la reproduit scrupuleusement en 2007 dans la seconde édition de son livre Le climat : jeu dangereux. Dernières nouvelles de la planète[19], page 50. Le pire, cependant, dans cet ouvrage, est que notre lauréat du prix Lyssenko reproduit (page 44) la figure « qui a fait le tour du monde« , « une des illustrations emblématiques qu’utilise Al Gore dans le film La Vérité qui dérange », dit-il, et qui montre la corrélation de la température et de la concentration en dioxyde de carbone, courbe qui est directement issue de ses propres travaux et qu’Al Gore utilise mensongèrement pour faire croire que le gaz carbonique est la cause première des changements de température. L’astuce ici, pour Jean Jouzel, est de cautionner implicitement l’argumentation trompeuse de l’homme politique américain, sans la reprendre directement à son compte, puisqu’il serait alors obligé d’avouer que la relation de cause à effet, si elle existe, est dans l’autre sens.

S’il recherchait l’objectivité scientifique, le GIEC devrait en revenir à ce qu’il disait dans son premier rapport, en 1990 : les variations du climat que l’on observe depuis le début de l’ère industrielle ne dépassent nullement celles que l’on a connues dans un passé plus lointain et rien ne prouve qu’elles soient la conséquence de l’action humaine. La théorie réchauffiste a perdu les éléments empiriques qui paraissaient l’étayer. Il ne lui reste que les modèles numériques, qui engloutissent toujours plus de moyens et qui prévoient tous que les émissions de gaz à effet de serre, et du CO2 en particulier, vont réchauffer la planète de plusieurs degrés. Faut-il croire aux modèles ?

Limites des modèles numériques

Les modèles sont des outils suffisamment flexibles pour qu’on puisse leur faire dire à peu près n’importe quoi. Avec un peu d’ingéniosité, ils parviennent toujours à simuler le passé. Cela ne prouve nullement qu’ils soient en mesure de prévoir l’avenir. Le célèbre mathématicien von Neumann a dit un jour : « Avec quatre paramètres, je peux dessiner un éléphant ; avec cinq, je peux lui faire bouger la trompe.« [20] Par conséquent, la capacité qu’ont les quelque vingt modèles numériques dont se sert le GIEC de simuler le climat des dernières décennies ne signifie pas qu’ils soient valables pour calculer les évolutions futures. Ils ont été paramétrés pour rendre compte des températures observées pendant vingt-cinq ans, entre 1975 et 2000. Mais il a fallu les ajuster pour rendre compte de la baisse des températures entre 1950 et 1975, en introduisant une hypothèse ad hoc, ce qui n’est pas bon signe : le rafraîchissement de ces vingt-cinq années serait la conséquence des émissions de poussières et autres particules microscopiques en suspension dans l’air, les aérosols, produits par l’industrie. L’ennui, c’est que les modèles prévoyaient pour 2000-2010 que la température continuerait à augmenter, parallèlement au taux de gaz carbonique. Or, ce n’est pas ce qui s’est passé : ces prévisions ont été démenties. La température moyenne de la terre a stagné depuis le maximum atteint en 1998. Le moins que l’on puisse dire est que cela est susceptible d’ébranler la confiance que l’on peut avoir dans les modèles du GIEC.

Les réchauffistes disent que leurs modèles s’appuient sur des lois physiques incontestables. Ils oublient de préciser deux choses essentielles. D’une part, que les calculs sont conduits sur de vastes « cellules » découpées sur la surface terrestre et dans l’épaisseur de l’atmosphère et que les détails de la réalité leur échappent nécessairement. D’autre part, qu’une partie des équations est fondée sur des paramètres statistiques, car la réalité est trop complexe ou mal connue pour que l’on puisse tenter de l’interpréter autrement, c’est-à-dire par l’application directe des lois de la physique. C’est notamment le cas pour les nuages, qui jouent un rôle essentiel dans le climat, mais dont on ne connaît pas les lois de la formation.

Selon Yves Lenoir, ces modèles numériques sont tous fondés sur une théorie dépassée, le modèle descriptif de la circulation atmosphérique élaboré dans la seconde moitié du XIXe siècle, dit de Hadley-Ferrel[21]. Les modèles ne peuvent pas valoir plus que la théorie sous-jacente.

Le fait que les vingt modèles du GIEC aillent tous dans le même sens ne surprendra pas ceux qui connaissent un peu les modèles macro-économiques, qui partent presque tous de la théorie keynésienne et qui prévoient donc que le revenu national va s’accroître et le chômage diminuer quand on augmente les dépenses publiques. Lesdits modèles keynésiens n’avaient pas vu venir la crise de 2008, mais ils ont quand même été jugés assez pertinents par les gouvernements pour inciter ces derniers à ouvrir les vannes du budget. On en voit le résultat.

Pour leur part, les modèles du GIEC partent tous du présupposé que les émissions de dioxyde de carbone et des autres gaz émissifs, dits « à effet de serre », doivent expliquer l’évolution du climat au cours des dernières décennies. Postulat réducteur. Il n’est pas étonnant qu’ils y parviennent, tant bien que mal, eu égard à la plasticité propre aux modèles. Ce postulat « carbocentriste » est-il juste ? Nul ne nie que le CO2 et les autres gaz à effet de serre exercent un « effet de couverture » qui tend à réchauffer la planète. Mais quelle est l’importance de cet effet ? Yves Lenoir a fait un calcul direct. Selon lui, « (…) la relation non linéaire (racine quatrième d’une grandeur évoluant selon une loi logarithmique) entre augmentation marginale de gaz carbonique et température de surface de la planète, via l’augmentation du forçage radiatif, est l’exemple même d’une perturbation douce – grande cause, très petit effet (…). De fait, à une augmentation de 1 % de la concentration du CO2 dans l’air correspond une augmentation de 0,015 % du forçage radiatif et de 0,0038 % de la température absolue de la surface (soit 0,011° C). Le facteur d’atténuation du transfert de la cause à l’effet est donc actuellement de 1/0,0038 = 263, soit entre deux et trois ordres de grandeur.« [22]

Marcel Leroux affirme, pour sa part : « Pour 95 %, l’effet de serre est dû à la vapeur d’eau. Le dioxyde de carbone, ou CO2, ne représente, quant à lui, que 3,62 % de l’effet de serre, soit 26 fois moins que la vapeur d’eau. (…) l’effet de serre est donc essentiellement un phénomène naturel. Seule une faible proportion (…) peut être attribuée aux activités humaines et cela pour une valeur totale de 0,28 % de l’effet de serre total, dont 0,12 % pour le seul CO2, c’est-à-dire une proportion insignifiante, voire tout à fait négligeable. (…) l’homme n’est en aucune façon responsable du changement climatique.« [23]

Le professeur Vincent Courtillot, membre de l’Académie des sciences, pense que l’évolution du climat à l’échelle du siècle s’explique bien par celle de l’activité du soleil, autre facteur qui influe sur l’insolation, indépendamment des paramètres astronomiques invoqués par la théorie de Milankovitch[24]. La corrélation qu’il a trouvée est frappante. Ses contradicteurs réchauffistes ou, si vous préférez, « carbocentristes », comme dit Benoît Rittaud, répliquent que leurs calculs démontrent que cette influence est secondaire. Ne faudrait-il pas cependant admettre un fait observé, même quand on ne sait pas l’expliquer ? Au fond, les carbocentristes sont victimes de l' »effet réverbère » : c’est l’histoire de cet homme qui cherche son trousseau de clé, la nuit, sous un réverbère ; un passant lui demande s’il est bien sûr de l’avoir perdu là ; non, répond-il, mais c’est le seul endroit où l’on voit clair !

C’est ainsi que de bons auteurs soutiennent que le « vent solaire » agit sur les rayons cosmiques, qui, à leur tour, jouent un rôle dans la formation des nuages. Mais le GIEC fait la sourde oreille.

Les nuages ! Ils sont l’impasse fondamentale de la théorie nébuleuse du GIEC. Ses modèles supposent que l’augmentation de la température qui résulte de celle de la teneur en CO2 est amplifiée par l’évaporation de l’eau, qui renforce l’effet de serre, puisque la vapeur d’eau est le plus important des gaz émissifs. C’est cette rétroaction positive qui aboutit à des prévisions de hausse de température de plusieurs degrés. Mais, plus il y a de vapeur d’eau dans l’air, plus il y a de nuages. Or, ceux-ci ont un double effet ; d’une part, ils accentuent l’effet de serre, autrement dit l' »effet couverture« , en absorbant l’infrarouge ; d’autre part, ils réfléchissent les rayons du soleil, c’est l' »effet parasol« . On pense que les nuages hauts, situés à plus de 6.000 mètres, ont plutôt tendance à réchauffer l’atmosphère, parce qu’ils sont peu denses et laissent passer les rayons du soleil ; en revanche, les nuages bas nous refroidissent, comme chacun peut le constater. Toute la question est de savoir comment les masses nuageuses vont se développer et se répartir en conséquence de l’accélération de l’évaporation.

Selon Richard Lindzen (2009), la sensibilité du climat au CO2 serait six fois inférieure à ce qui est prévu par le GIEC, en raison notamment de ce qu’il appelle l' »effet iris » : « Les cirrus les plus élevés se contractent lorsque la température augmente, ce qui crée une rétroaction négative…« [25] Que cet « effet iris » soit confirmé ou non, il est permis de penser que de puissantes rétroactions négatives, connues ou ignorées, sont à l’œuvre pour stabiliser le climat, car sans cela, s’il n’y avait que des rétroactions positives, il aurait suivi depuis longtemps une évolution explosive, bien avant l’ère industrielle[26].

Les modèles numériques du GIEC reposent en outre sur une accumulation d’hypothèses qui leur ôte beaucoup de crédibilité. Pour que l’homme soit coupable, il faut en particulier supposer, non seulement que la hausse de la teneur en CO2 est due essentiellement aux émissions dont il est la cause, mais encore que ce gaz carbonique supplémentaire va rester très longtemps dans l’atmosphère.

Pour le grand public, les choses sont simples : l’atmosphère est un réservoir qui se remplit de CO2 au fur et à mesure que nous en produisons. En fait, c’est beaucoup plus compliqué. Selon Hervé Le Treut, les échanges anthropiques (dus à l’homme) s’élèvent à 9 Gt (gigatonnes ou milliards de tonnes) de carbone par an (activités humaines : 7,5 Gt ; déforestation : 1,5 Gt). Mais les échanges naturels avec l’océan s’élèvent à 70 Gt de carbone par an et les échanges naturels avec la végétation, à 120 Gt par an. Le total se monte à environ 200 Gt par an, dans lequel l’activité humaine ne représente guère que 5 %[27]. Selon Yves Lenoir, la biosphère terrestre contient actuellement environ 2.300 Gt de carbone, l’atmosphère 770 Gt[28]. On cherche à nous impressionner en nous disant que les quantités de dioxyde de carbone sont passées de 280 ppm (parties par million) avant l’ère industrielle à 380 ppm actuellement. Mais cela ne fait que 0,038 %, autrement dit pas grand-chose ; de plus, il ne s’agit que d’une moyenne : la teneur varie selon les lieux et la saison.

Un grand facteur d’incertitude est la « durée de résidence » du gaz carbonique dans l’atmosphère. Combien de temps y reste-t-il avant d’être absorbé par l’océan ou la végétation ? Le GIEC nous assure que la moitié du CO2 que nous produisons est rapidement éliminée et que l’autre moitié demeure dans l’air pendant 120 ans. Cette estimation est cruciale dans le scénario alarmiste du GIEC. Or, elle est controversée. Selon Yves Lenoir, deux études donnent l’une entre 43 et 52 ans, l’autre entre 23,3 et 44,5 ans[29]. Selon le professeur Freeman Dyson, cette durée devrait être ramenée à 5 ou 12 ans[30]. Il n’y aurait donc pas lieu de s’inquiéter.

Le professeur Bernard Beauzamy, président de la société de calcul mathématique, a dit le peu de considération qu’il avait, en tant que mathématicien, pour les modèles du GIEC, dans une note établie pour le secrétariat général de la défense nationale en 2001, note qu’il a actualisée en 2006 : « Les modèles employés (et c’est précisément notre métier de mathématicien que de les juger) sont à ce point sommaires, grossiers, empiriques, fallacieux, que les conclusions qui en sont tirées sont dépourvues de toute valeur prédictive ; seraient-ils mille fois plus précis qu’ils ne le permettraient toujours pas.« [31]

La plaidoirie en défense que l’on trouve dans les écrits d’Hervé Le Treut est de nature à inspirer les plus grands doutes : « L’analyse des données est effectuée de manière quotidienne pour permettre les prévisions météorologiques… La qualité des prévisions, vérifiable quelques jours plus tard, constitue le meilleur indice possible de qualité des analyses.« [32] Donc, la qualité des prévisions à trois jours assurerait la qualité des prévisions à 30 ans… Mais quid des prévisions à 30 jours et à 300 jours ? On peut au contraire retourner l’argument d’Hervé Le Treut : l’incapacité des modèles à prévoir la météo à 30 jours prouve leur incapacité à la prévoir à 30 ans. Jacques Villain, membre de l’Académie des sciences, écrit à ce propos : « Aux travaux des climatologues, une objection inévitable est celle soulevée par Claude Allègre dans un des ses livres : « J’ai peine à croire qu’on puisse prédire avec précision le temps qu’il fera dans un siècle alors qu’on ne peut pas prévoir celui qu’il fera dans une semaine. » Le paradoxe n’est qu’apparent, puisque la météorologie cherche à prévoir le temps à tel endroit et tel moment, alors que la climatologie s’intéresse à des valeurs moyennes sur une longue durée et une vaste région. La coexistence du chaos météorologique et de la stabilité climatologique, hypothèse non démontrée, est toutefois fortement suggérée par les calculs basés sur les modèles.« [33] Cette réponse au « paradoxe d’Allègre » est savoureuse. La question n’est pas en effet de savoir si le chaos est dans les modèles, mais s’il est dans la nature. Or, nous l’avons vu, ce sont fondamentalement les mêmes modèles qui servent pour les prévisions à court terme, dites météorologiques, et les prévisions à long terme, dites climatologiques. Il est quand même étrange qu’il y ait entre les deux une durée béante, disons entre dix jours et dix ans, où l’on ne puisse rien dire. Du reste, il n’est pas exact que la « météo » ne s’intéresse pas aux moyennes. Par exemple, Météo France avait cru pouvoir annoncer que l’hiver 2009-2010 serait clément… or, il a été rigoureux !

Le trouble s’accroît quand on lit justement, sous la plume d’Hervé Le Treut : « Il est troublant de constater que les estimations moyennes ont peu changé, mais aussi qu’il s’est révélé impossible de resserrer une fourchette relativement large.« [34] En 1896, Arrhenius avait trouvé une hausse des températures de 5° C en se servant simplement d’une table de logarithmes. Les moyens de plus en plus puissants mis en œuvre par les modélisateurs ne semblent pas avoir permis de faire beaucoup mieux, de l’avis de l’un des meilleurs d’entre eux, le professeur Le Treut. Du reste, ajoute-t-il, on n’a pas réussi à trouver le meilleur modèle. Il faut se résigner à prendre « la moyenne des modèles existants« [35]. Le plus surprenant, peut-être, c’est que les premiers modèles ne tenaient pas compte des océans, ce qui était gênant, car « la masse de l’océan est quatre cents fois plus importante que celle de l’atmosphère.« [36]. « Pour réchauffer l’océan de 1° C, il faut mille fois plus de chaleur que pour augmenter la température de l’atmosphère de la même quantité« , ajoute Jean Jouzel[37]. Le « couplage » atmosphère-océan aurait dû tout changer, quand il a été effectué par les modélisateurs. Or, il n’en a rien été. C’est une solide raison de penser que les modèles du GIEC ne font que nous dire in fine ce qui était déjà postulé ab initio, l’effet diabolique du gaz carbonique produit par l’homme. C’est ici que la science rejoint le vaudou.

Les limites de l’argument d’autorité

La propagande réchauffiste est presque uniquement fondée sur l’argument d’autorité. Il y aurait unanimité, « consensus », les experts seraient tous d’accord. Or, ce n’est pas vrai. Le consensus est apparent. Nous avons déjà cité deux éminents spécialistes qui contestaient les thèses du GIEC, Marcel Leroux (décédé en 2008) et Richard Lindzen. La liste des scientifiques qui appartiennent au camp des « climatoréalistes » est longue. Nous en avons ainsi dénombré au moins cinq parmi les membres de l’Académie des sciences, en France : outre Paul Deheuvels et Claude Allègre, il faut mentionner Vincent Courtillot et Jean-Louis le Mouël, auxquels on peut ajouter Jean Dercourt[38].

Hommage soit rendu à ces hommes courageux, car il est difficile de résister au terrorisme intellectuel qui règne sur la question ! Le professeur Claude Allègre, membre de l’Académie des sciences, est en France le plus connu de ceux que les media appellent les « climatosceptiques ». Dans L’imposture climatique, livre publié en février 2010, il déplore les incroyables attaques qu’il a subies et y répond comme il se doit : « La violence (des attaques) est, pour tous les scientifiques, inacceptables. Mais ce qui l’est peut-être le plus, c’est la tentative d’imposer une vérité officielle, comme en URSS du temps de Lyssenko. Je ne parle pas aujourd’hui à la légère d' »imposture climatique ». Chaque fois que des esprits indépendants et ayant une formation scientifique solide (…) ont examiné le dossier du « réchauffement climatique », ils ont soit émis des doutes, soit réfuté les thèses alarmistes du GIEC. (…) Chaque fois ils ont été immédiatement et violemment attaqués, calomniés, injuriés par les « grands prêtres du réchauffement » sans que ces derniers argumentent. (…) Ici, pas de débats : « Circulez, il n’y a rien à voir ! Le GIEC a établi la vérité. Il y a un consensus. Vous n’avez qu’à l’admettre. Un point c’est tout. » Pour trouver des situations équivalentes, il faut remonter au Moyen Age ou décrypter le phénomène au regard de ce qu’ont été les systèmes totalitaires. Refuser le débat, c’est sortir de la science. »[39] Il ajoute, plus loin : « Nous, les résistants, nous avons été longtemps apparemment seuls, comme l’étaient hier les opposants au régime soviétique, car la propagande officielle avait intérêt à faire croire que nous étions seuls. »[40] Et encore : « Au total, la convergence de nombreux facteurs (…) a donné à ce secteur une allure de science totalitaire digne de ce qui a régné en Union soviétique ou au Moyen Age en Occident. C’est la vérité unique, la pensée uniforme propageant la peur. »[41]

L’accueil fait à son livre a confirmé son analyse, car ce fut une levée de boucliers de la part des réchauffistes ligués contre lui. Le 7 avril 2010, 600 chercheurs en sciences du climat, parmi lesquels Valérie Masson-Delmotte, Edouard Bard, Jean Jouzel et Hervé Le Treut, ont adressé une lettre ouverte au ministre de la recherche pour dénoncer l’ouvrage de Claude Allègre, dans lequel ils relevaient de nombreuses erreurs factuelles et des dénigrements. Quand on s’est un peu penché sur l’histoire du GIEC et de la théorie du réchauffement climatique, on a le sentiment de revoir la scène classique du voleur pris la main dans le sac, qui crie : « Au voleur ! » Les quelques erreurs qui se trouvent en effet dans L’imposture climatique sont des détails qui ne touchent pas à l’essentiel. Par exemple, Claude Allègre affirmait que Nicolas Caillon, collaborateur de Jean Jouzel, et qui a trouvé le décalage de 800 ans entre la température et le gaz carbonique, aurait été sanctionné. Il paraît que ce n’est pas vrai. Quoi qu’il en soit, cela n’a rien à voir avec le fond du sujet et ne réduit nullement la portée de sa découverte.

Conclusion

Le professeur Claude Allègre a eu raison de parler d’une « imposture climatique » dans l’ouvrage qu’il a publié en février 2010. Il y a même une triple imposture :

– (1) dans la présentation des faits : l’évolution de la température moyenne de la planète, qui n’a augmenté que de quelques dixièmes de degré depuis un siècle (0,74° C de 1906 à 2005 selon le GIEC), n’a rien d’exceptionnel ni d’alarmant, d’autant qu’elle stagne depuis plus de dix ans, après avoir atteint un maximum en 1998 (on peut en dire autant de l’évolution du niveau de la mer, qui n’est monté que de quelques centimètres, ou de celle de la masse des glaciers, qui s’accroît en Scandinavie) ;

– (2) dans la présentation des prévisions : les modèles numériques utilisés par le GIEC, fondés sur une accumulation de données incertaines et d’hypothèses hasardeuses, ont déjà le plus grand mal à rendre compte du passé ; hautement spéculatifs, ils n’ont pas encore fait leurs preuves lorsqu’il s’agit de l’avenir, au contraire, puisqu’ils n’ont pas prévu la stagnation de la température moyenne observée depuis 1998 ; rien ne prouve en particulier que les émissions de dioxyde de carbone dues à l’homme aient sur le climat une influence autre que négligeable ;

– (3) dans la présentation des conséquences : si la température moyenne devait augmenter dans l’avenir, il faudrait s’en féliciter, quelle qu’en soit la raison, car tout porte à croire que les effets du réchauffement seraient globalement bénéfiques et que nous entrerions alors dans un nouvel « optimum climatique » semblable à celui que le monde a connu autour de l’an mil. Selon Marcel Leroux, « s’il arrivait, ce réchauffement serait plutôt un bienfait : il s’accompagnerait d’un plus grand confort de vie dans les régions froides, d’une diminution des budgets de chauffage, d’une plus grande clémence du temps et d’une extension des terres cultivables. Ainsi, dans les années 1930 à 1960, une élévation régionale de la température a permis aux forêts canadiennes et scandinaves de s’étendre vers le nord. Et au Sahel d’accroître la pluviométrie, permettant aux populations d’empiéter sur un Sahara devenu plus fertile.« [42]

Les faits admis par les réchauffistes eux-mêmes suffisent à renverser leur théorie ou tout au moins à la rendre fortement suspecte :

(1) il n’y a pas de réchauffement depuis 1998 ;

(2) c’est la température qui précède le gaz, et non l’inverse ;

(3) la crosse de hockey s’est brisée, et la courbe de Mann est retombée dans le néant des artefacts statistiques.

Nous n’avons même pas eu besoin de nous appuyer sur des critiques radicales qui sont pourtant fort sérieuses, notamment celles qui portent sur la qualité des données du GIEC. Celles-ci viennent essentiellement de quatre sources, toutes anglo-saxonnes. (1) Le Climate Research Unit (CRU) [Unité de recherche sur le climat] de Phil Jones, organisme britannique rattaché à l’université d’East Anglia ; (2) le Hadley Centre [Centre Hadley], organisme britannique rattaché au Met Office [Office météorologique du Royaume-Uni] (3) le Goddard Institute for Space Studies [Institut Goddard des études spatiales] de James Hansen, organisme américain rattaché à la NASA (National Aeronautics and Space Administration, Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace) ; (4) le National Climatic Center [Centre climatique national], organisme américain rattaché à la NOOA (National Oceanic and Atmospheric Administration, Administration nationale de l’océan et de l’atmosphère). Or, Phil Jones a été compromis dans le « Climategate » à la fin 2009, quand il est apparu qu’il manipulait les chiffres et qu’il refusait de communiquer les données brutes. Quant à James Hansen, c’est un militant fanatique qui n’a cessé de lancer les alarmes les plus ébouriffantes pour impressionner l’opinion, avec Al Gore, dont il a été le conseiller scientifique en 2006 pour le film Une vérité qui dérange. Faut-il faire confiance à des scientifiques qui manquent à ce point d’objectivité ?

L’alerte climatique est une imposture qu’il faut rapprocher de toutes ces fausses alertes mondialisées qui se multiplient. Rappelez-vous. On nous a fait peur avec le « bug de l’an 2000″, avec les pluies acides. Et n’oublions pas les fausses alertes sanitaires, en dernier lieu la grippe A. A cet égard, un parallèle s’impose entre l’OMS (organisation mondiale de la santé) et l’OMM (organisation météorologique mondiale), dont dépend le GIEC. Ce sont deux organismes des Nations-Unies installés à Genève à quelques encablures l’un de l’autre. La panique que l’OMS a déclenchée à propos de la grippe A en 2009, sur la foi des modèles épidémiologiques, ressemble beaucoup à celle que l’OMM et le GIEC organisent sur la base des modèles climatiques. La différence essentielle est que l’échéance du climat est beaucoup plus lointaine. L’OMS a sombré dans le ridicule en quelques mois. Combien d’années pour le GIEC ?

« La climatocratie est une machine plus complexe que le public ne peut l’imaginer, écrit Yves Lenoir. (…) L’ensemble ne pourrait fonctionner sans un consensus de marbre sur la réalité de la menace climatique. Le processus ne laisse donc pas la moindre place effective pour l’exercice du doute scientifique. Vue sous l’angle de la psychologie des masses, cette communauté d’intérêt obéit à une logique religieuse, avec un corps de doctrine incontestable, dont tout découle. Le contenu de cette doctrine a été présenté dans la déclaration finale de la Conférence de Villach d’octobre 1985. Il n’a pas varié depuis, à quelques détails près dans les chiffrages.« [43]

Le GIEC est un hybride stérile de la science et de la politique. La meilleure critique de cet organisme se trouve sans doute dans les deux beaux ouvrages de Christian Gerondeau, Ecologie, la grande arnaque (2007) et CO2, un mythe planétaire (2009)[44]. Il est urgent de dissoudre le GIEC pour rétablir la liberté de recherche et d’expression dans le domaine des sciences du climat.

Une grande conférence internationale sur le changement climatique est réunie à Cancún (Mexique) du 29 novembre au 10 décembre 2010. C’est l’occasion pour le Club de l’Horloge, maître d’ œuvre du prix Lyssenko, de « récompenser » dignement, en la personne de Jean Jouzel, tous les émules de Lyssenko qui sont parvenus à intoxiquer l’opinion mondiale à propos du climat et qui seront présents en nombre à Cancún. Après avoir partagé le prix Nobel de la paix avec ses collègues du GIEC en 2007, M. Jean Jouzel, chef de file en France de la secte des « réchauffistes », ne pouvait manquer de recevoir le prix Lyssenko en 2010, tant il a contribué à l’imposture climatique.

Pour sa part, M. Nicolas Hulot a rendu d’éminents services au GIEC en relayant sa propagande en France. Il a notamment réussi un coup d’éclat en faisant signer un « pacte écologique » à plusieurs candidats à l’élection présidentielle de 2007, dont Nicolas Sarkozy. Le nom de Nicolas Hulot, qui a bien mérité de la désinformation scientifique, devait être associé à celui de Jean Jouzel pour le prix Lyssenko 2010. Espérons que cette distinction consolera M. Hulot de l’échec de la taxe carbone, dont il avait fait la promotion et qui figurait en bonne place dans son « pacte ».

A titre exceptionnel, eu égard au nombre de candidats qui étaient susceptibles de recevoir le prix Lyssenko cette année, le jury a décerné des accessits à deux journalistes : M. Sylvestre Huet, de Libération (premier accessit) et M. Stéphane Foucart, du Monde (second accessit), dont les articles entretiennent quotidiennement la désinformation sur la question de l’évolution du climat. La palme revient incontestablement à Sylvestre Huet, qui, dans le pamphlet qu’il a commis contre le professeur Claude Allègre, L’imposteur, c’est lui, fait constamment preuve de la pire des malhonnêtetés intellectuelles et conclut par une remarque qui relève de la bêtise à front de taureau : « Diviser par deux nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Donc de 80 % celles des actuels pays riches et industrialisés. Voilà la réponse, désagréable mais sincère, des climatologues. (…) un tel objectif (…) correspond à une autre exigence : économiser les ressources de gaz et de pétrole pour permettre à nos descendants de les utiliser eux aussi.« [45] Nous ne gloserons pas sur la prétendue « sincérité » des climatologues du GIEC… Mais, si l’on croit celui-ci, il faut laisser le gaz et le pétrole en terre pour éviter la catastrophe, et si ce sont nos enfants qui les utilisent au lieu de nous, le résultat sera à peu près le même, à quelques années près. M. Huet ignore le « paradoxe de Gerondeau » : « Quoi qu’on fasse, l’humanité aura recours aux sources d’énergie que recèle le sous-sol du globe et qui sont indispensables à son développement. Le pétrole, le gaz naturel et le charbon que les Français ne consommeront pas le seront par d’autres et le bilan restera strictement inchangé pour la planète en termes d’émissions de gaz à effet de serre et a fortiori d’éventuel impact sur le climat.« [46]

Annexe

Communication du professeur Paul Deheuvels,

de l’Académie des sciences

Mesdames, Messieurs,

Le Club de l’Horloge attribue aujourd’hui le Prix Lyssenko 2010 à MM. Jean Jouzel et Nicolas Hulot. Je souhaiterais commenter cette décision qui pourrait paraître, à première vue, surprenante, compte tenu de la grande notoriété des récipiendaires.

Rien ne laissait prévoir que Jean Jouzel, aujourd’hui âgé de 63 ans, diplômé de l’Ecole Supérieure de Chimie Industrielle de Lyon, deviendrait célèbre à 55 ans, recevant, avec Claude Lorius, la Médaille d’Or du CNRS, et, partageant, la même année 2002, le Prix Nobel de la Paix avec Al Gore et les membres du GIEC [Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Climat]. Ses travaux de jeunesse avaient porté sur les grêlons, avant qu’il ne s’oriente vers la géochimie des glaces. Jeune ingénieur de recherche au CEA de Saclay il passa des années à mesurer la composition isotopique de l’eau sous diverses formes naturelles. Sa contribution scientifique essentielle sera plus tardive et reposera sur la construction de modèles corrélant les températures aux proportions d’hydrogène et de deutérium, d’une part, et d’oxygène 16 et oxygène 18, d’autre part, présents au sein des neiges et des glaces.

Alors que Jean Jouzel est un administrateur et un homme de laboratoire, son maître à penser, Claude Lorius, âgé à ce jour de 78 ans et membre de l’Académie des Sciences depuis 1995, est, quant à lui, un véritable aventurier scientifique. Attiré par l’inconnu, Claude Lorius explora, à partir de 1959, les étendues désertes de l’Antarctique. Il eut l’idée originale de recueillir des carottes glaciaires profondes, de 1975 à 1990, à la station climatique Vostok, l’un des lieux les plus froids et inhospitaliers de la planète (avec un minimum enregistré de -89°C).

A partir de tels échantillons, Claude Lorius en premier, et Jean Jouzel en second, ont comparé les analyses de leurs carottes de glace avec ce que l’on savait du climat passé. Ils sont ainsi arrivés à remonter dans le temps à près de 420.000 ans avant notre ère. Leurs résultats ont fait apparaître des corrélations entre les variations estimées de la teneur en CO2 de l’atmosphère, avec les températures reconstruites à partir de leurs modèles. Lorsque la température augmente, il en serait de même du CO2 et vice versa.

Jusque-là, je n’ai à leur faire que des compliments. Ces scientifiques véritables ont réalisé de remarquables et innovants travaux de recherche, introduisant des techniques nouvelles pour analyser des phénomènes encore très mal connus.

Qu’est-ce qui pourrait donc justifier un Prix Lyssenko dans un tel parcours ? En fait, le bilan des reconstructions de chroniques passées que Jean Jouzel et son équipe réalisent dès 1987, à partir de leurs modèles, font apparaître des teneurs de CO2 et de méthane (CH4) dans l’atmosphère qui leur paraissent anormalement élevées au cours du dernier siècle. C’est à ce moment-là que tout bascule. A partir de 1990, Jean Jouzel, Claude Lorius et, avec eux, tout un groupe de scientifiques mus par le virus de l’écologie mondialiste, se lancent à l’assaut des médias et de la politique pour attirer l’attention de tous sur ce qu’ils croient pouvoir déduire de leurs observations. Ils prédisent alors une évolution apocalyptique des températures, menant au chaos et à la destruction planétaire, le tout étant assorti d’une élévation considérable du niveau des océans.

Il n’y a, en effet, qu’un pas à faire pour imaginer que, si par le passé le CO2 a eu des variations parallèles à celles des températures, une forte augmentation du CO2 devrait, ipso facto, entraîner une forte élévation de la température du globe, cette dernière devant logiquement être suivie par une considérable élévation du niveau des mers.

Il est inutile que j’en dise davantage, car ces thèses ont fait l’objet d’un matraquage médiatique permanent, au point d’être amplement reprises par le monde politique, avec l’installation d’un marché de droits d’émission de CO2, devenu, pour certains, un élément clef du partage de richesses entre pays pauvres et pays riches.

Chacun sait que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Je ne ferai procès ni à Jean Jouzel ni à Claude Lorius d’être sortis de leurs laboratoires pour faire de l’activisme écolo-politique. C’est, certainement, animés par les meilleurs sentiments, que ces savants sont devenus, un peu comme l’était en 1816 l’abbé Grégoire, des militants actifs d’une sorte de « république des savants ». Je citerai quelques uns des propos de Claude Lorius, qui déclare, en 2002 : « Le savoir devra fonder une action arbitrant des approches écologiques, économiques, sociales et internationales divergentes » et « Il faut maintenir la pression pour que soient développées de nouvelles technologies et que changent les mentalités ». Nous sommes, à ce point, très éloignés des carottes glaciaires et de la composition isotopique des glaces.

La mécanique de cette gigantesque opération médiatique a consisté à faire croire que le monde courrait vers la catastrophe, à cause du prétendu « changement climatique ». Selon Jean Jouzel et Nicolas Hulot, il fallait donc agir d’urgence pour empêcher cette évolution, en adoptant, notamment, des objectifs contraignants d’émission du CO2, ceci devant, dans l’esprit de ces messieurs, contribuer à réduire drastiquement l’élévation des températures prévue au cours des prochaines décennies.

Le gros problème de ce montage est qu’il repose sur ce que les climatologues ont cru pouvoir déduire de leurs modèles, au vu de leurs connaissances acquises de 1980 à 2000. Or, de nombreuses raisons permettent d’avoir des doutes sérieux sur la véracité de leurs hypothèses, comme de leurs conclusions.

Je commencerai par le caractère causal du CO2 sur l’élévation des températures. Il est indéniable que les deux facteurs sont liés, mais quelles peuvent être leurs relations de causalité lorsque les variations marquées du CO2 suivent de 800 ans celles de la température ? Ce décalage ne pouvait être observé par les premières mesures glaciaires de Jean Jouzel et Claude Lorius, puisque leur datation était encore insuffisamment précise pour le faire apparaître. Or, ce qui paraîtrait naturel chez des scientifiques sérieux serait de revenir sur leurs déclarations initiales pour tenir compte des nouvelles informations.

Au lieu de cela, ils pratiquent une fuite en avant constante. Il est clair que s’il s’avérait, in fine, qu’une grande partie du battage médiatique sur le climat était infondée, les thuriféraires de l’Apocalypse climatique en seraient, certainement, bien embarrassés. Le rapport récent de l’Académie des sciences sur le climat est très précis à ce sujet ; il dit : « l’augmentation de la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre, dont une large part est d’origine anthropique, joue un rôle essentiel dans … l’augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003 ». Or, le CO2 n’est qu’un gaz à effet de serre parmi beaucoup d’autres. Outre le méthane (CH4), un autre composant de l’atmosphère joue un rôle majeur. Il s’agit de la vapeur d’eau, dont l’effet de serre serait de l’ordre de 500 fois plus important que celui du CO2. L’Académie des sciences ne dit aucunement que le CO2 est le facteur principal du changement climatique. Bien au contraire, elle évalue son impact éventuel à un effet relatif très faible (de l’ordre de 1,1°C pour un doublement du taux de CO2 dans l’atmosphère). Ce rapport insiste aussi sur les « incertitudes importantes » qui demeurent sur l’analyse du climat, et qui affectent notamment la crédibilité des prévisions à long terme.

En bref, la situation est beaucoup moins claire qu’on ne voudrait nous le faire croire, et les diverses prédictions catastrophiques qu’on a présentées de ci, de là, et principalement au sein du GIEC, dont Jean Jouzel est, rappelons-le, une figure majeure, sont de plus en plus mises en défaut. Le rapport récent de l’Académie des sciences, en accord avec un texte analogue de la Royal Society, évalue l’augmentation moyenne des températures à 0,8°C de 1870 à 2010, alors qu’un doublement de la teneur en CO2 de l’atmosphère ne pourrait aboutir qu’à une élévation moyenne des températures voisine de 1,1°C. Or la teneur atmosphérique du CO2 est actuellement de 0,0388%, dont 50% serait dû à des causes naturelles, alors qu’elle s’élevait à 0,0280% en 1870. Comme il semble qu’on ait déjà exploité de l’ordre de la moitié des réserves connues de pétrole, on imagine mal un bouleversement profond du climat dans le siècle à venir, puisqu’il serait quasiment impossible de brûler assez de combustibles fossiles pour élever rapidement la proportion de CO2 au double de 0,0388%.

Le plus troublant est que les reconstructions de températures telles qu’elles découlent des travaux de Jean Jouzel et de ses coauteurs ne font pas apparaître clairement les évolutions climatiques observées au cours des derniers millénaires. L’ordre de grandeur des variations de température observés durant la période de l’« optimum médiéval » (vers 1100) et du « petit âge glaciaire » (vers 1750) seraient voisins de +2°C et -2°C, respectivement, par rapport à aujourd’hui. Comment expliquer de telles variations, alors que le CO2 d’origine industrielle n’était quasiment pas présent à ces époques ? C’est une question importante qui est systématiquement éludée par les rapports récents du GIEC, comme par Jean Jouzel. Signalons que ces chiffres, donnés par le GIEC en 1997, sont cohérents avec l’histoire. Faut-il rappeler la victoire du général Pichegru sur la flotte hollandaise en 1795 par une charge de cavalerie sur la mer gelée ? Se souviendra-t-on que la vigne était cultivée au Moyen-Age jusqu’en Norvège ? Enfin, les travaux récents des glaciologues suisses montrent qu’à l’époque romaine les glaciers des Alpes étaient réduits à leur plus simple expression, avec une limite inférieure des neiges se trouvant à plus de 300 mètres plus haut que celle d’aujourd’hui. Or, les reconstructions de températures issues des travaux de M. Jouzel réduisent les variations de températures correspondantes à un ordre de grandeur de + ou – 0,2°C. Ce n’est pas crédible ! L’excellent livre de Benoît Rittaud, Le Mythe Climatique (Le Seuil, 2010), décortique les manipulations statistiques qui ont donné lieu à la fameuse courbe en « crosse de hockey », présentée par le GIEC comme une démonstration de l’imminence de la catastrophe qui attend l’humanité. Pour mémoire, cette courbe présentait faussement une quasi-constance des grands paramètres climatiques (température, CO2…) durant les deux derniers millénaires, suivie par une augmentation massive de ces derniers au cours du dernier siècle.

La thèse du GIEC et de Jean Jouzel affirme haut et fort que le changement climatique actuel est « sans précédent » et « irréversible ». Tout ceci ne résiste pas à l’analyse. Au lieu de l’admettre, comme devrait le faire tout scientifique digne de ce nom, Jean Jouzel persiste et signe. Il affirme, par exemple, dans une interview disponible sur le site http://blog.lefigaro.fr/climat/2010/03/-cest-lautre-auteur-sceptique.html, que le livre de Jean Rittaud « n’apporte aucun argument scientifique nouveau et étayé ». Je trouve ces propos consternants.

Sur le fond, j’observe que, si les modèles sur lesquels s’appuient M. Jouzel et ses coauteurs pour reconstruire les températures au cours des derniers millénaires « gomment » les variations connues (très positives au Moyen Age et à la période romaine, et très négatives durant le « petit âge glaciaire »), c’est qu’ils doivent être structurellement entachés d’erreur. A l’inverse de ces derniers, les mesures par dendrochronologie (mesures de la croissance des arbres), ou par le carottage de glaces de glaciers canadiens, ont bien mis en évidence des variations de + ou – 2°C. Alors, qui a raison ? Au lieu de procéder à une révision de ses modèles par leur confrontation avec des faits avérés, Jean Jouzel s’installe dans un véritable déni de la réalité. Venons-en à l’extraordinaire prévision par le GIEC de la fonte des glaciers de l’Himalaya en 2035.

Dans une interview disponible sur le site http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/02/giec-jean-jouzel-répond-aux-critiques.html , Jean Jouzel balaie d’un tour de main toutes les critiques qui lui sont faites sur ce point précis, alors même qu’il est glaciologue, au point que le journaliste Sylvestre Huet, pourtant acquis à la plupart de ses thèses, en vient à lui dire : « Vous avez toujours raison, alors ? ».

Je crois que ce cri du cœur résume l’essentiel. Il ne suffit pas d’avoir publié article sur article, d’avoir accumulé les récompenses, ni même d’avoir obtenu le Prix Nobel, pour devenir infaillible. Jean Jouzel se trompe lorsqu’il refuse de revenir sur celles de ses affirmations passées qui sont infirmées par les faits. Il nous trompe, lorsqu’il présente comme un dogme absolu l’idée que la réduction de nos émissions de CO2 fera baisser la température autrement qu’à la marge. Pis encore, il agit comme un apprenti sorcier. Nul homme sensé ne souhaiterait que les températures de la planète reviennent au niveau des terribles hivers de la fin du 18ème siècle. Or, si on adoptait complètement les thèses du GIEC, ce serait la perspective idéale vers laquelle voudraient nous orienter les tenants de la réduction de gaz à effet de serre. On meurt beaucoup plus facilement de froid que de chaud, et la constatation que les périodes historiques où la Terre avait des températures moyennes de l’ordre de 2°C supérieures à la température actuelle ont coïncidé avec une grande prospérité devrait faire réfléchir. Au fond, le réchauffement climatique est-il bon ou mauvais ? Pour Jean Jouzel, la question ne se pose même pas.

Pour conclure, un certain nombre de scientifiques ont propagé des idées fausses sur de simples bases idéologiques. Heureusement, dans nombre de cas, leurs erreurs n’auront pas eu d’impact. Pour ce qui est de Jean Jouzel et du GIEC, force est de constater que la catastrophe n’est pas celle du climat.

Notons, au passage, que la différence des températures moyennes entre Paris et Marseille est de plus de 4°C (15°9 à Marseille et 11°1 à Paris). Alors, si la température parisienne augmentait de 1,1°C à la suite du doublement de la teneur en CO2 de l’atmosphère, ce ne serait, sans doute pas, une grande catastrophe non plus.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres, je pense que le Prix Lyssenko 2010 est parfaitement mérité. Comme entreprise de désinformation scientifique, on ne pourrait faire mieux, en tout cas, que celle qui est récompensée aujourd’hui.


[1] En anglais, IPCC, Intergovernmental Panel on Climate Change ; on peut traduire : « groupe intergouvernemental sur le changement climatique » : on remarquera qu’en anglais il n’est pas question des « experts »…

[2] Cité par Yves Lenoir, Climat de panique, Favre, Lausanne, 2001, p. 29.

[3] Cité par Etienne Dubuis, Sale temps pour le GIEC. Du prix Nobel aux affaires, grandeur et décadence des experts du climat, Favre, Lausanne, 2010, p. 99.

[4] Cité par Etienne Dubuis, op. cit., p. 21.

[5]On sait que les journalistes anglo-saxons aiment bien faire référence ironiquement au scandale du Watergate, qui a emporté le président des Etats-Unis Richard Nixon en 1974, et se plaisent à parodier le nom de l’immeuble de Washington où siégeait le parti démocrate américain.

[6] Etienne Dubuis, op. cit., pp. 21-33 et 125-127.

[7] Cf. Jean Jouzel, Claude Lorius, Dominique Raynaud, Planète blanche. Les glaces, le climat et l’environnement, Odile Jacob, 2008. les glaciers de montagne et calottes de glace ont une surface « proche de celle de la France » (donc 550.000 km2, dont 430.000 km2 pour les glaciers eux-mêmes) (pp. 16-17). Les inlandsis et calottes de glace font 1,7 millions de km2 au Groenland (p. 20) et 12,3 millions de km2 en Antarctique (p. 22).

[8] « World Wide Fund for Nature« , fonds mondial pour la nature.

[9] Jean Staune, La science en otage. Comment certains industriels, écologistes, fondamentalistes et matérialistes nous manipulent, Presses de la Renaissance, 2010, p. 205.

[10] Ibid., pp. 230-231.

[11] Ibid., p. 9.

[12] Ibid., p. 137.

[13] Hervé Le Treut, Nouveau Climat sur la terre. Comprendre, prédire, réagir, Flammarion, 2009.

[14]  Jean-Michel Bélouve, La servitude climatique. Changement climatique, business et politique, éd. Michel Bénard, 2009, p. 84 ; Claude Allègre, L’imposture climatique, Conversations avec Dominique de Montvalon, Plon, 2010, pp. 63, 184 ; Sylvestre Huet, L’imposteur, c’est lui. Réponse à Claude Allègre, Stock, 2010, p. 47 ; Jean Jouzel et alii, op. cit., p. 199.

[15] Hervé Le Treut, op. cit., p. 130.

[16] Jean Jouzel, op. cit., p. 123.

[17] Jean Jouzel et alii, op.cit., p. 126.

[18] Benoît Rittaud, Le mythe climatique, Seuil, 2010, chap. 2, pp. 49 à 73.

[19] Jean Jouzel et Anne Debroise, Le climat : jeu dangereux. Dernières nouvelles de la planète, Dunod, 2007.

[20] Cité dans Benoît Rittaud, op. cit., p. 151.

[21] Yves Lenoir, op. cit., p. 91.

[22] Yves Lenoir, op. cit., p. 158. Pour une discussion détaillée du « forçage radiatif », voir André Legendre, L’Homme est-il responsable du réchauffement climatique ?, EDP Sciences, Les Ulis (Essonne), 2009, pp. 43-63.

[23] « Entretien avec Marcel Leroux. La fable du réchauffement climatique », La Nouvelle Revue d’histoire, n° 31, juillet-août 2007.

[24] Vincent Courtillot, Nouveau voyage au centre de la terre, Odile Jacob, 2009.

[25]  Jean Staune, op. cit., pp. 235-6 ; Jean-Michel Bélouve, op. cit., p. 145.

[26]Selon Susan Solomon, vice-présidente du GIEC, il se pourrait que la décroissance de la vapeur d’eau stratosphérique observée depuis 2000 soit une conséquence du réchauffement de la planète, ce qui constituerait une autre rétroaction négative (cf. Jean Staune, op. cit., pp. 167-9). A notre humble avis, cependant, le meilleur candidat en matière de rétroaction négative, c’est la formation des nuages de basse altitude.

[27] Hervé Le Treut, op. cit., p. 131. Il s’agit de la masse du carbone et non de celle du gaz carbonique.

[28] Yves Lenoir, op. cit., p. 159. Même observation.

[29] Yves Lenoir, op. cit., pp. 159 et 161.

[30] Cité par Jean-Michel Bélouve, op. cit., p. 81 et note p. 353.

[31] Bernard Beauzamy, Le réchauffement climatique : mystifications et falsifications, Société de calcul mathématique, 2001, 2006 (http://scmsa.pagesperso-orange.fr/rechauff.pdf).

[32]Libres points de vue d’académiciens sur l’environnement et le développement durable, Académie des sciences, 25 novembre 2009, p. 9.

[33]Ibid., pp. 23-4. Le « chaos » dont il est question ici a le sens mathématique précis qu’on lui donne en météorologie depuis qu’Edward Lorenz a évoqué l' »effet papillon« . Cf. James Gleick, La Théorie du chaos – Vers une nouvelle science, Flammarion, 2008.

[34] Hervé Le Treut, op. cit., p. 163.

[35]Ibid., p. 120.

[36]Ibid., p. 69.

[37] Jean Jouzel, Planète blanche, op. cit., p. 26.

[38]Ce dernier écrivait en 2009 : « (…) attribuer l’augmentation de la température aux gaz à effet de serre principalement ou à eux seuls mérite que toutes les autres causes soient examinées avec autant d’études et d’attention que la communauté scientifique a portée à ces gaz. (…) il importe que la communauté scientifique internationale et les décideurs de la politique mondiale étendent leurs préoccupations à l’ensemble des causes décelées, d’une part, et à une étude approfondie des cycles thermiques antérieurs. Ceci permettrait d’évaluer de manière plus rigoureuse les incertitudes qui subsistent, incertitudes sans lesquelles il n’est pas de travail scientifique utilisable et qui semblent pour l’instant n’avoir pas été suffisamment étudiées. » (Libres points de vue d’académiciens…, op.cit., p. 20.)

[39] Claude Allègre, op.cit., p. 26.

[40]Ibid., p. 140.

[41]Ibid., p. 232.

[42] Cité dans Jean-Michel Bélouve, op. cit., p. 117.

[43] Yves Lenoir, op. cit., p. 187.

[44] Christian Gerondeau, Ecologie, la grande arnaque, Albin Michel, 2007 ; CO2, un mythe planétaire, préface de Valéry Giscard d’Estaing, éd. du Toucan, novembre 2009 (première édition en février 2009).

[45] Sylvestre Huet, op. cit., p. 183.

[46] Christian Gerondeau, CO2, un mythe planétaire, op. cit., p. 252.